analyse audience

dimanche 22 juin 2008



samedi 24 mai 2008

La poste de ma ville


Le service des postes en Algérie fonctionna à partir 19 Juin 1830 soit 5 jours après le débarquement de Sidi-Ferruch. Il s'agissait de la poste aux armées dirigée par le payeur général militaire, commissaire général des Postes Firino. Il relevait de l'inten­dant chef d'Enniée et avait sous ses ordres des payeurs principaux, des payeurs particu­liers et des adjoints de première et deuxième classe.
Ces fonctionnaires portaient l'habit bleu roi, doublure et parements de même couleur, pantalon bleu (ou blanc pour la grande tenue), bicorne, épée, bottines avec éperons. Les grades se distinguaient aux broderies qui comprenaient une couronne royale.
Ces hommes, tous cavaliers, étaient fournis généralement par le train des équi­pages. Sous-officiers et soldats portaient au bras gauche un brassard muni d'une plaque aux armes de France avec l'inscription : «Trésor et Postes de l'Armée».
Tels furent les premiers facteurs casernes à Alger qui, une fois par semaine, achemi­naient quelques lettres au domaine de la Rassauta dès 1835.
Sous l'empire, l'uniforme des postiers passa du bleu roi au vert foncé. En 1848 la couronne royale du collet s'était transformée en clé et en 1852 la clé des broderies avait fait place à l'aigle impérial.
A partir de 1845 et ce jusqu'en 1854 le point de distribution du courrier pour Rouïba se faisait à la ferme de Monsieur Arnaud d'Orgueil une fois par semaine. Ce n'est qu'à partir de 1854 qu'il y eut 2 distributions hebdomadaires sur la place du village et ce jusqu'en 1861. C'était l'occasion, pour la population, de se retrouver et d'échanger les nouvelles du pays.
Dès 1860 le Comte de Chasseloup-Laubat réorganisa le service des postes et le démilitarisa. Rouïba eut en Mars 1861 son bureau de distribution situé dans le relais de diligences, avenue d'Alger, qui, l'année suivante, devait abriter la mairie. Le personnel affecté à ce bureau se composait uniquement d'un distributeur. Il faudra attendre 1863 pour que Rouïba ait un facteur.
Le premier tampon de Rouïba était un losange pointillé à petits chiffres et portait le numéro 4373. Dès 1863, un nouveau tampon fut mis en service, de forme identique il se différenciât du premier par de gros chiffres et portait le numéro 5059. Ces tampons, toujours accompagnés d'un cachet dateur, existèrent jusqu'en 1876.
A la construction de la mairie le bureau de distribution y fut transféré. Mais ce n'est que le 1er Novembre 1882 que Rouïba eut son bureau des recettes postales. Quant au service télégraphique, nous retrouvons dans les archives postales de 1878 la création d'un bureau dans la commune de la Rassauta qui, à l'époque, n'existait plus. Je pense qu'il s'agit de Rouïba. Ce qui est certain c'est qu'en 1882, Rouïba avait son service.
Les locaux devaient s'avérer exigus au fil des ans. Dès 1900, le conseil municipal inscrivit dans ses projets la construction d'une nouvelle poste. L'emplacement retenu se situait à l'angle de l'avenue de la gare et de la place du futur monument aux morts. C'est en 1906 que fut inaugurée la nouvelle poste. Au rez de chaussée se trouvaient les guichets ainsi que le standard téléphonique et le service des télégraphes ; le premier étage était réservé à l'appartement du receveur.
Devant l'extension du village, elle s'avéra à nouveau trop petite et en 1950 il fallut en construire une nouvelle à l'angle de la rue des écoles et de la route d'Aïn-Taya dans ce qui était la cour de la mairie. Le rez de chaussée, outre les guichets, comprenait le service du tri postal ainsi que le central téléphonique. Au premier étage, des bureaux avaient été aménagés ainsi que l'appartement du receveur. Jouxtant ce bâtiment, le service régional des lignes qui assurait la construction et l'entretien des installations téléphoniques rayonnant les secteurs de Rouïba, Aïn-Taya, le Corso, l'Aima, Fondouk, Saint Pierre Saint Paul. Parmi les chefs d'équipe qui le dirigèrent, monsieur Laroche devait avoir comme successeur monsieur Locaputo dont le fils Norbert devint prêtre. Durant les événements d'Algérie, ce service eut un surcroît de travail, les terroristes ayant un faible pour les poteaux téléphoniques, surtout le long des voies ferrées. Le service de dépannage des abonnés était assuré par monsieur Bonnet puis par monsieur Deschène.
Plusieurs directeurs de poste se succédèrent. Monsieur Touzillier, qui, dans les années 1930, gagna le gros lot de 5 millions à la loterie nationale, monsieur Vincent, monsieur Vangioni, mademoiselle Durant, et bien d'autres encore.
Parmi les facteurs messieurs F. Bousquet, Pacou, Etienne Accens, Planté grand invalide de guerre, Lambert, Vella, Guerrin, Lecatt dit «Boutita» qui au quartier neuf courrait souvent après son vélo que Luc Sendra affectionnait tout particulièrement, ainsi que monsieur Edmond Camps nous ont laissé le souvenir d'hommes serviables de même que les guichetières telles que mesdames Pellet, Torrent, Gaby Lillo, Rémyette Vix-Rubiné, madame et mademoiselle Bonnet, madame Toru et madame Maupas entre autres. Le standard téléphonique fut tenu par Josiane Vella.
A titre indicatif, l'Algérie possédait 97 bureaux de poste en 1860. En 1880 elle en comptait 295 et en 1962 1167.
A l'évocation de ce sujet on pourrait penser que ce service public a eu quelques diffi­cultés à se développer. Il faut savoir que fin 1830 l'Algérie comptait 600 européens, en 1836,14 000 et en 1872, 244 000 dont 129 000 français 34 000 citoyens israélites, 575 000 musulmans en territoire civil, 1 550 000 musulmans en territoire militaire. Ces chiffres s'entendent armée non comprise bien entendu.
Pour Rouïba, voici le détail de la population :
1861:212 F- 859 ET - 2 I - 908 M* 1866 : 203 F - 1 071 ET - 2 1 - 1 024 M

1872 : 140 F - 464 ET - 2 I - 1 055 M 1876 : 118 F - 614 ET - 2 I - 1 086 M
* F : Français - ET : Etrangers - I : Israélites - M : Musulmans
Extrait Histoire de Rouiba, Aut. Pierre Caratero

Les Fermes de ma Ville


Devant le nombre important de domaines sur la commune, je me permettrai de vous donner les caractéristiques de ceux dont j'ai pu obtenir des renseignements précis.
Le domaine des 3 caves d'une superficie de 132 hectares dont 129 étaient plantés en vigne produisaient annuellement environ 6000 hectolitres. Sa cave, grâce à ses amphores en ciment armé (c'est le nom des cuves à vin), pouvait contenir 15 000 hectolitres.

Les domaines d'Antoine Camps se décomposaient comme suit : le Clos Haouch El Bey d'une superficie de 50 hectares d'excellente terre aux cépages sélectionnés produi­sait 5 000 hectolitres. Sa cave bâtie en 1915 pouvait contenir 13 000 hectolitres. En 1948, ce domaine devenait la propriété de Hubert Masquera.
Le Clos des Mimosas qui, en 1962, appartenait à Albert Sintès associé à Hermancc Camps de 40 hectares assurait une récolte de 5 000 hectolitres, le Clos Saint-Jean 2 500 hectolitres pour 33 hectares et enfin le Clos Ste-Marie qui à l'origine était la propriété de monsieur Blasselle d'une superficie de 45 hectares donnait 3 500 hectolitres.
Le domaine Nicolas Décaillet créé en 1866 qui, en 1906, devait devenir la Société Décailler possédait une cave pouvant recevoir 25 000 hectolitres, fut de tout temps, une ferme modèle. L'un des 8 enfants de la famille, Barthélémy, inventa la cuve à fermenta­tion à lessivage automatique qui, par la suite, devait se généraliser. Sa sulfaterie auto­matique dont l'architecte constructeur fut monsieur Guérinau permettait à une personne de préparer toutes les bouiliies. En 1925, la ferme disposait d'une écurie moderne pour ses 48 chevaux bretons et avait ses propres ateliers de forge, charronage et bourrellerie. Le gérant de la propriété était Ernest Décaillet. Emile Décaillet possé­dait le domaine Ernendjéma de 70 hectares produisant 8 000 à 9 000 hectolitres de vin par an. Grâce à 4 puits d'un débit de 480 mètres cubes heure i 1 fut 1 e premier propriétaire à arroser ses vignes.
La propriété Humbert (Armand Dorgueil) route de Réghaïa, produisit 7 000 hecto­litres sur ses 70 hectares. Dès 1920, monsieur Jules Humbert qui exploitait cette propriété possédait un tracteur.
Le domaine Barthélémy Sintès d'une superficie de 120 hectares n'avait que 45 hectares de yigne qui produisaient 7 000 hectolitres, 15 hectares d'orangerie, le reste des terres étant réservé aux cultures céréalières.
Parmi les petites propriétés, le domaine Lucien Bertrand et fils d'une superficie de 17 hectares dont 15 de vigne produisaient allègrement ses 2 200 hectolitres. La cave possé­dait une cuverie de 2 500 hectolitres plus 9 000 hectolitres pour le stockage.

Vignoble
La vigne fut la principale culture de notre village occupant les trois cinquièmes de la commune. Cette culture se développa dès 1870 et ne fit que progresser d'année en année. Le tableau ci-dessous est plus que significatif. Une remarque s'impose : durant les années de guerre nous pouvons constater que la production diminue sérieusement ce qui prouve les soins demandés et attendus par la vigne.

L'agriculture à Rouiba employait 1200 personnes à l'année. A ce chiffre s'ajoutais les saisonniers qui atteignaient le milier durant les vendanges, ainsi que les tailleurs de vigne dont certains venaient d'Espagne.Il s'agit de véritables équipes d'ouvriers qualifiés encadrées d'un contremaître. En 1920, un tailleur de vigne touchait 8 francs par jour plus 2 litres de vin. En 1925, le salaire journalier était de 12 francs et 2 litres de vin ; pour les indigènes, moins qualifiés, le salaire était de 8 francs et sans vin.

En 1962, 120 exploitations appartenaient à des européens et 335 à des musulmans. 85% des terres cultivables étaient la propriété des européens, la ferme moyenne ayant une superficie d'une cinquantaine d'hectares

La Pépinière des Ponts de Chaussées

Sur le terrain communal se situant route de Ain-Taya où par la suite se trouvait la ferme de Jean Garcia le laitier, et la scierie d'Adrien Gilabert, une pépinière fut crée par les Ponts et Chaussées de l'époque dès 1900

En 2002 une pépinière a été crée après le cimetière GUEDHIA à l'embranchement Rouiba Fondouk appartenant aux Frère SENIA et qui existe à nos jours

le phylloxéra
La vigne fut introduite à Rouïba par monsieur Anaud Dorgueil qui était originaire de la région bordelaise et ce dès 1864. Elie devait rapidement se développer et lorsque le phylloxéra fit son apparition dans les environs de Tlemcen en 1885 Rouïba avait déjà 603 hectares plantés.
La maladie fit son apparition dans le département d'Alger à la venue des colons du Midi qui avaient apporté dans leurs bagages des plants contaminés. Rouïba fut touché en 1908, ce fut catastrophique. Il fallut tout arracher et replanter le vignoble en plants américains sur lesquels on greffa les anciens cépages tels que le Carigan, le Grenache, PAlicante Bouschet rouge, la Clairette pointue, le Mersaguera ou encore le Maccabéo blanc. Le vignoble ne devait être reconstitué qu'en 1914. Plusieurs petits propriétaires furent ruinés et durent vendre leurs terres.
Extrait Histoire de Rouiba, autorisation de Pierre Caratero

La Mairie de Ma Ville


Le premier local faisant office de mairie, et de bureau de police fut installé en 1861 dans une partie du bâtiment abritant le café maure, arrêt des diligences situé avenue d'Alger. Cette maison qui fut la première construction du village avait été bâtie dans les années 1850 en torchis. En 1863 le bureau de poste y fut installé.
Ce n'est qu'en 1869 que fut bâtie la mairie que nous avons tous connu. L'emplace­ment choisi, en plein centre du village, était à l'origine un marécage où pullulaient canards sauvages et autres gibiers d'eau. Pour bâtir le bâtiment communal, il fallut raser une ancienne écurie datant de la création du village. La construction devait aussi abriter la poste et le commissariat. Le commissariat, auquel on accédait par la porte de droite, devait conserver ses locaux jusqu'en 1962. La porte centrale donnait accès au secrétariat de la mairie ainsi qu'à la salle du conseil ; quant à celle de gauche c'était la poste.
En 1906 avec la construction d'une nouvelle poste donnant sur la future place du monument, on en profita pour déménager le secrétariat de mairie dans les locaux laissés vacants et de consacrer toute la partie centrale à la salle du conseil. La salle du conseil sobrement décorée avec face à la porte d'accès une cheminée de marbre au dessus de laquelle se trouvait «la Marianne» entre 2 tentures tricolores, était multi fonctionnelle. C'est autour d'une longue table de chêne clair que se tenaient les délibéra­tions du conseil municipal. C'était aussi dans cette salle qu'étaient célébrés les mariages civils, que se tenait le bureau de vote du village et que parfois des expositions étaient réalisé.
La mairie était bâtie en forme de L. Sa façade principale donnait sur la place de la République. Au centre une colonne supportait un buste symbolisant la République entouré d'une grille de fer forgé. En 1922 alors que la fête du village se déroulait en présence d'une nombreuse assistance, le buste de Marianne se détacha de son piédestal. Mademoiselle Marguerite Serra fut blessée. On découvrit rapidement la raison : une corde qui avait été fixée entre la Marianne et l'un des palmiers de la place servait à suspendre les fameuses marmites surprises de terre que l'on cassait à l'aide d'un bâton. Des enfants s'étaient suspendus à la corde et avaient fait basculer le buste. On s'empressa de faire disparaître les restes du monument. Quant au buste de Marianne, un bronze de 43 kilos, il fut installé dans la salle du conseil.
Le deuxième corps du bâtiment donnant sur la cour avenue d'Aïn-Taya abrita les services techniques du village ainsi que le bureau des contributions jusqu'à la construc­tion des ateliers municipaux rue des écoles en 1919. Une partie de ces locaux fut convertie en logement de fonction.
Le premier étage de la mairie abrita jusqu'en 1919 le comptoir d'escompte qui avait été créé par les propriétaires terriens de la commune et qui en assuraient eux-mêmes la gestion. A leur départ, le premier étage fut réaménagé. On y installa le secrétariat de mairie, les bureaux du maire ainsi que du secrétaire. Un logement de fonction réservé au secrétaire de mairie fut créé. L'ancien secrétariat du rez de chaussée, quant à lui, fut transformé en bureau d'aide sociale. C'est dans ces locaux, avant que ne soit construit le dispensaire, que se déroulaient les différentes campagnes de vaccination. Ces locaux servirent aussi de bureau de vote pour le deuxième collège.
L'état civil fut de tous temps le problème le plus épineux qu'eurent à résoudre les différents secrétaires de mairie tout particulièrement avec la population musulmane qui omettait de déclarer naissance et décès. Si dès 1945, les allocations familiales réglè­rent la question des naissances et décès des enfants scolarisés, le problème resta entier pour les autres générations de la population musulmane jusqu'aux événements d'Al­gérie. En effet, l'obligation d'être muni d'une pièce d'identité à tous moments eut pour mérite de clarifier quelque peu la situation. Officiers aux affaires algériennes et gardes champêtres s'attelèrent à ce délicat problème. Certains individus ne connaissant pas leur date de naissance furent déclarés «nés présumés». D'autres savaient être nés «l'année du choléra» ou «l'année des sauterelles» ou encore «l'année de la venue du Président de la république en Algérie» et ainsi de suite. On fit la transcription! Certains ne connaissaient même pas leur nom de famille. Une formule fut consacrée : «S.N.P.» (sans nom patronymique) suivi de leur prénom ainsi que du prénom du père, qui, dans bien des cas, étaient identiques. Il y eut de nombreux : S.N.P. Mohamed Ben Mohamed...
Extrait Histoire de Rouiba avec l'autorisation de Pierre Caratero.


Après l'indépendance la Mairie de Rouiba a été géré par le comité de gestion pendant 03 ans ce n'est qu'en 1968 que les premières éléctions éléctorales ont été fait.
Le siège de la mairie a connu plusieurs modifications et la première extention a eu lieu en 1970 en commençant par ce qui était le terrain de boulodrom qui a été transformé en des bureaux pour l'état civil.
D'autres bureaux supplémentaires ont été crées en forme de petite annexe dans l'ex: Ecole des garçons "Ecole Mohamed KEBIR" dont les classe transformées en locaux pour: Bureau des comités des fêtes, Bureaux des services techniques, etc….

Suites aux dégâts causés par le dernier séisme les bureaux de la mairie ont été transférés à l'encien siège de la Daira qui se trouvait à l'entrée de la ville exactement dans l'ancienne villa Mira et l'entreprise Ballester.
Seuls les bureaux des services sociales et le bureau des sports qui n'ont connus aucun changement.

Création de ma Ville

C'est sous Napoléon III, le 11 Août 1853, que le conseil du gouvernement se penche sur un projet de fondation d'un centre sur la route Alger - Dellys à l'embranchement du chemin d'Aïn-Taya, ayant pour vocation un lieu de gite et de culture.
Le 30 Septembre de la même année est publié le décret de création de Rouiba.
ART. 1 : Il est créé dans l'arrondissement d'Alger sur la route Alger - Deliys un centre de population de 22 feux qui prendra pour nom ; ROUÏBA.
ART. 2 : Le territoire agricole affecté à ce nouveau centre, ce conformément au plan ci annexé, est de 585 ha 85 a 20 ca.
Fait au palais des Tuileries, Le 30 Septembre 1853 Signé NAPOLÉON

ROUÏBA VILLAGE MAHONNAIS
Notre Rouïba venait d'être porté sur les fonts baptismeaux. Mais que signifie Rouïba? Ce qui est inconstestable c'est que son origine provient de l'arabe ou du berbère. Quant à sa traduction les avis divergent.
Je me contenterai, sans prendre position, de vous donner 4 traductions possibles. La première pourrait être, comme les autres d'ailleurs, une traduction déformée de «petite forêt» bien que personne n'en ait point connu. La seconde «la descente» ce qui s'expli­querait par la situation géographique de Rouïba. La troisième serait «petit ruisseau» bien que Rouïba ne fut traversé par aucun d'entre eux. Quant à la quatrième, le nom du village viendrait de «broussailles». Pour ce qui est de la broussaille, nos ancêtres en ont trouvé et en ont défriché, il n'y a pas l'ombre d'un doute à ce sujet.
Ce n'est que début Mars 1854 qu'eut lieu l'adjudication des 22 concessions qui ne furent remises officiellement à leurs propriétaires qu'à la fin de ce mois, avant la saison des pluies. Chaque adjudicataire dût débourser 1500 francs et prouver q'il disposait d'une somme équivalente pour réaliser les différents travaux de mise en valeur des terres ainsi que la construction de son habitation. Pour prévenir d'éventuelles spécula­tions, le contrat prévoyait que le colon devait cultiver, pendant 3 ans, ses terres avant de pouvoir les revendre. Chaque concession se divisait comme suit :
1er lot :
Cinq hectares de bonne terre située dans la partie orientale du village qui avait été préalablement défrichée par l'armée.
2ème lot :
Huit hectares et demi dans la partie occidentale de la commune à défricher.
3ème lot
Cinquante ares dans la partie actuelle de Rouïba aplanis et défrichés également par
l'armée et réservés à l'habitation. Soit au total une superficie de 14 hectares par adjudicataire à laquelle s'ajoutait un communal de 70 hectares pour le bétail.
Qui furent ces 22 familles de pionniers qui, à la sueur de leur front et au péril de leur vie, guettés autant par ia maladie que par les brigands, fondèrent Rouïba? Aucun document officiel ne les désigne nominativement, si ce n'est que l'un d'entre eux qui précise que presque tous les colons étaient mahonnais et avaient été choisis suite aux très bons résultats obtenus par leurs compatriotes de Fort de l'eau.
C'est les 6 et 7 Mars 1854 que les premiers adjudicataires vinrent prendre possession de leur concession avec engagement de bâtir leur maison dès le mois suivant pour qu'à l'automne cultures et ensemencement puissent être réalisés. Fin 1854, 12 maisons étaient construites et 11 familles y habitaient, soit 42 personnes.
Au 31 Décembre 1855, 95 hectares avaient été défrichés et 49 ensemencés. Ce n'est qu'en 1856, que le village fut achevé. Les 22 familles étaient installées, 224 hectares étaient en rapport et 2600 arbres avaient été plantés. Chaque maison avait son puit d'une profondeur de 10 à 12 mètres. Avant de les creuser, on avait recours aux sourciers qui, à l'aide d'une montre de gousset ou d'une baguette d'olivier, détectaient les nappes phréatiques. Cette méthode de recherche s'appliqua de tous temps. J'ai le souvenir du «Petit Mora», employé des chemins de fer algériens, qui mettait ses talents ou plutôt ses dons à la disposition de ses amis désireux de construire leur puit.
En 3 années, 70 % des concessions étaient cultivées. Avec les moyens dont dispo­saient les colons de l'époque, le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ne s'étaient pas tournés les pouces. Le village était toujours inclus dans ia commune de la Rassauta qui regroupait Rouïba, Aïn-Taya, Matifou ou Aïn-Kata (la source noire), Aïn-Béïda ou Suffren (la source blanche) et Fort de l'eau qui devint commune de plein exercice le 2 Juin 1851. Rouïba devint commune de plein exercice le 1er Janvier 1862. Voici le décret :
ART. 1 : Sont érigées en communes de plein exercice dans le département d'Alger, les
sections de communes ou centres dont les noms suivent : ,
ROUÏBA.
ART. 2 : Les limites de cette nouvelle commune sont fixées et notifiées comme suit : «La commune de Rouïba outre son chef-lieu comprend les hameaux d'Aïn-Béïda, Matifou et le village d'Aïn-Taya ce dernier formant section de commune.
La commune est délimitée comme suit : Au Nord, la mer depuis l'embouchure de l'oued Hamiz jusqu'à l'embouchure de l'oued Réghaïa.
A l'Est, l'oued Réghaïa, l'oued El-Biar et la limite Ouest de Haouch Ben Aïda
jusqu'à l'ancienne route de Dellys.
Au Sud, la route Alger - Dellys jusqu'à l'oued Hamîz.
A l'Ouest, l'oued Hamiz.»
ART. 3 : L'organisation du conseil municipal est ainsi fixée : le nombre de conseillers municipaux est fixé à 10, maire compris.
ART. 4 : Le présent décret ne recevra son effet qu'à partir du 1er Janvier 1862.
ART. 5 : Des arrêtés du préfet du département d'Alger fixeront les détails d'exécution pour les partages à faire entre les communes anciennes et les sections de communes érigées en communes nouvelles.
ART. 6 : Notre ministre, secrétaire d'état au département de la guerre, et le gouverneur général de l'Algérie sont chargés du présent décret.
Camp de Châlons le 22 Août 1861 Signé : NAPOLÉON
Le secrétaire d'état au département de la guerre RANDON.

Cependant entre le 30 Août 1864 et le 14 Septembre 1870, les limites de la commune devaient se modifier au Sud comme au Nord.
Le 30 Août 1864, certains habitants du Fondouk présentaient une requête à leur conseil municipal demandant à être rattachés à la commune de Rouïba pour raison d'éloignement et de difficultés de communications surtout en hiver. La partie du terri­toire concerné s'étendait au Nord du chemin qui allait de l'oued Hamiz à l'oued Réghaïa. Le conseil municipal du Fondouk, à l'unanimité, rejeta cette suggestion. Les choses n'en restèrent pas là. Une commission comprenant une délégation des signa­taires de la pétition ainsi que des habitants de Rouïba se réunissait et adressait au Préfet les résultats de leur enquête. Le 27 Février 1867, le préfet accordait les modifications des limites de la commune.
Au Sud avec la commune d'Aïn-Taya ce fut tout autre chose. Le 14 Septembre 1870, Aïn-Taya ayant été décrété commune de plein exercice, les pourparlers entre les communes de Rouïba et Aïn-Taya concernant le litige sur la frontière des 2 communes valait au préfet le rapport suivant :
«Commune Rouïba - section Aïn-Taya avec les hameaux d'Aïn-Béïda et Matifou -Affaire difficile.»
Le 22 Août 1872 en mairie de Rouïba une commission composée d'une délégation des 2 communes avec à leur tête les maires de Rouïba et d'Aïn-Taya ainsi que monsieur Loucias, géomètre, étudia les plans et s'informa auprès des indigènes. Il fut décidé que la limite des 2 communes serait le chemin d'Alger à Dellys, ce chemin partant de l'oued El Biar à l'Est, se dirigeant à l'Ouest en suivant la crête de la colline jusqu'à la ferme Ben-Daly Bey puis en ligne droite jusqu'à l'oued Boréah.
Le litige aurait été réglé le 28 Août, les participants de la commission s'étant mis d'accord pour tirer en ligne droite la frontière des 2 communes avec abandon réci­proque des parcelles. Mais le maire d'Aïn-Taya prétextant qu'il n'y avait pas eu d'infor­mations transmises au préfet rejeta catégoriquement le compromis. Le préfet trancha en faveur de la commission. Ainsi fut enfin réglé un litige vieux de 25 ans.

Actuellement les limites de Rouiba ont été modifiées comme suit:
La commune de Rouïba outre son chef-lieu comprend les hameaux suivants:
Benchoubane, Haouch Rouiba, Sbaat, El Merdja, Mouadsa (Nom de la grande famille "les Mouaci", et Hai Enasr (Hamiz)
La commune est délimitée comme suit : Au Nord, Jusqu'au l'embranchement de la route Rouiba –Dergana à la la limite de l'haouche Bendali Bey où se trouve la Laiterie Betouche.
A l'Est, jusqu'à la limite zone industrielle Réghaia; et l'Ouest de Haouch Ben Aïda jusqu'à l'autoroute ex: l'ancienne route de Dellys.
Au Sud, le hameau Chebacheb qui est partagé avec la commune de Khemis El Khachena ex: Le Fondouk jusqu'à la route de Hamadi
A l'Ouest, la cité Enasr Hamiz et son oued "Le Hamiz.»

Extrait de l'histoire de Rouiba - avec l'autorisation de Pierre Caratero.